vendredi 22 janvier 2010

Présentation

Affiche de l'exposition

À l’occasion de l’anniversaire de la création des CHU, la Bibliothèque Universitaire de Lyon 1 a souhaité revenir sur l’histoire de l’enseignement médical, et sa recherche d’une adéquation entre théorie et pratique. Une partie de l’exposition sera consacrée à l’illustration des livres d’anatomie comme exemple de cette histoire et d’un enseignement de plus en plus tourné vers la pratique.
Et, parce que nombre d’universités actuelles s’interrogent sur la place des médecines alternatives dans l’enseignement universitaire, il semblait intéressant de revenir sur l’histoire de leurs rencontres dans des contextes de découvertes scientifiques et de découvertes culturelles (avec l'orient par exemple), contextes propres aux ambitions des universités médicales.


L'enseignement médical

Œuvres complètes d'Hippocrate
J.B. Baillière, 1865.
Lyon 1, BU Santé

Le serment d’Hippocrate, ici dans son édition par Littré, le rappelle : l’enseignement et la transmission de l’art médical sont à compter parmi les devoirs de celui qui a été initié. Les articles qui suivent explorent l’histoire de cet enseignement médical en France des premières universités à la réouverture de celles-ci à la fin du XIXème siècle.

De la lectio...

L’illustration ci-dessous est très révélatrice de la forme des cours de médecine avant la Renaissance. L’enseignement médical s’articulait entre la lectio : lecture des textes fondateurs de la médecine grecque et arabe et la disputio : discussion autour de questions médicales. Ce sont là les principes de l'enseignement scolastique qu'on retrouvait dans les premières universités de Bologne, Montpellier ou à la Sorbonne par exemple.

Les collections artistiques de la Faculté de Médecine de Paris
Paris : Masson, 1911.
Lyon 1, BU Santé

La seconde illustration est une reproduction d’un cours de chirurgie de Guy de Chauliac, qui enseignait à l’université de Montpellier. On retrouve là plusieurs éléments typiques de l’enseignement médical de l’époque : le professeur lisant le livre et le commentant, les étudiants passifs face à la leçon orale et enfin, comme symbole de l’importance des textes anciens dans la médecine de l’époque, la présence, derrière le pupitre, de Galien, Hippocrate et d’Avicenne. Cette redécouverte des textes grecs grâce à la transmission par les médecins arabes a permis aux universités de se créer avec des textes de références, et à la médecine de s’interroger sur elle-même et de se théoriser.

Centenaire de la Société de Pharmacie de Lyon 1806-1906
Emmanuel Vitte, 1906.
Lyon 1, BU santé

Intermède : étudier dans les livres d'anatomie 1/3

Les livres d'anatomie non illustrés

Observations et histoires chirurgiques tirées des œuvres latines des plus renommés praticiens de ce temps
Pierre Choüet, 1670.
Lyon 1, BU Santé

Les premiers manuels de médecine étaient très descriptifs. Beaucoup comme celui-ci-dessus étaient des recueils de témoignages, ceux-ci ayant valeur d’enseignement. On apprenait ainsi la médecine à travers l’exemple des grands médecins. Ce livre du XVIIème siècle témoigne des interventi
ons des médecins latins auprès de malades. Ce type de manuel a servi d’aide-mémoire pour de nombreuses générations d’étudiants de médecine.

Manuel anatomique et pathologique ; ou, Abrégé de l'anatomie et des usages que l'on en peut tirer pour la connoissance & la guérison des maladies...
Antoine Laurens, 1672.
Lyon 1, BU Santé

Avant le développement de l’anatomie et la Renaissance qui a vu le travail conjoint de médecins et d’artistes autour des livres illustrés, les manuels d’anatomie étaient, à l’image des premières leçons, sans aucune illustration. Après la Renaissance, ce type de livre continua d’être imprimé car il était bien plus transportable que les grands manuels d’anatomie illustrés pour les enseignants très mobiles qui parcouraient l’Europe d’écoles en universités.

C’est donc naturellement qu’un grand nombre de livres médicaux sans illustrations sont imprimés en petits formats, in octavo et in-16°. Enfin, pour l’étudiant en médecine peu fortuné, ces livres sans illustration avaient le mérite de donner les informations essentielles à un moindre coût.

...à l'anatomie.

La Renaissance a permis le développement de l’anatomie. L’Eglise autorisant les dissections (deux par an et par université) et fermant les yeux sur les autres dissections, les universités ont pu proposer à leurs étudiants d’assister à des dissections. Un pas vers la pratique était franchi. L’apprenti médecin n’apprenait pas la pratique médicale mais tout au moins il apprenait à découvrir le corps autrement que dans le discours.

Imperatoris medici, de humani corpis fabrica libri septem
Lyon 1, BU Santé

L’illustration ci-dessus est le frontispice du superbe livre d’anatomie de Vésale. On y voit très clairement la leçon d’anatomie donnée et la présence du démonstrateur. En effet, la leçon nécessitait un enseignant qui faisait la leçon pendant que le démonstrateur montrait sur le corps les éléments présentés oralement par l’enseignant. Enfin, le préparateur s’occupait de la dissection proprement dite. On remarque dans la salle un auditeur qui tient un livre et semble comparer la description donnée avec la réalité.

Georges de La Faye - Dionis
Cours d'opérations de chrirurgie démontrées au Jardin Royal...
Paris : Veuve d'Houri, 1777.
Lyon 1, BU Santé

L’illustration précédente est un cours non pas d’anatomie mais de chirurgie. Néanmoins le modèle de cours est très approchant. Dans l’amphithéâtre, l’enseignant explique aux étudiants les principes de son art en s’appuyant sur la présence concrète du corps. La constante dans ces leçons est bien entendu la passivité au sens pratique de l’étudiant. Il semble en effet dans ces deux images que le silence ne soit pas la règle d’or de l’enseignement. Il est possible que malgré la nouveauté de l’approche anatomique, les bases de la lectio et de la disputio n’aient pas complètement disparues.

Auguste Corlieu

Centenaire de la Faculté de Médecine de Paris (1794 - 1894)

Paris : Imprimerie nationale, 1896.

BU santé, Lyon 1


Nous nous autorisons un petit saut dans le temps avec cette image qui vient d’un bas relief de l’université de médecine de Paris, lors de sa construction au XIXème siècle. En effet, de même que les formes de l’enseignement, une autre constante est restée : la place des textes antiques, y compris dans la défense même de l’anatomie et de son importance au sein de l’enseignement médical, que l’on voit ici dans cette représentation d’Esculape enseignant l’anatomie.