vendredi 22 janvier 2010

Le débat au delà du critère scientifique

Nous avons relevé dans les vitrines précédentes trois cas ayant permis à une nouvelle médecine ou thérapie d'être acceptée par la science universitaire. Nous verrons dans cette vitrine comment l'homéopathie semble ne pouvoir complètement satisfaire aucun des critères scientifiques qui historiquement ont permis l'introduction de thérapies alternatives à l'université.

Le premier cas est celui où une médecine à la fois bénéficie de son statut d'étrangère pour être jugée sur des critères différents, tout en étant facilement acceptée par le lien qui peut être tendu entre cette médecine et la médecine occidentale : c'est le cas de la médecine chinoise. La médecine homéopathique bien que se présentant en même temps comme une nouvelle médecine (face à la médecine allopathique) et comme une médecine hippocratique, en faisant sien le principe de similitude des textes hippocratique, ne relève pas de ce cas. Est-ce le fait qu'il s'agisse non pas d'une médecine étrangère, mais d'une médecine occidentale et qui plus est relativement jeune, puisque son fondateur Samuel Hahnemann en a posé les principes entre la fin du XVIIIème et le début du XIXème siècle ?


Samuel Hahnemann

Exposition de la doctrine médicale homéopathique ou organon de l'art de guérir
J. B. Baillière, 1856.
Lyon 1, BU Santé

Le second cas est celui des thérapies naturelles qui n'ont eu que le soutien des patients pendant de longues années, jusqu'à leur justification scientifique rendue possible par le développement de la science expérimentale. Le résultat sur le patient, nous l'avions vu, ne fait pas office de preuve, puisque le placebo peut aussi bien être source de résultats positifs. On s'attendrait donc que l'homéopathie bénéficie aussi d'une scientificité reconnue avec le développement de plus en plus pointu de l'expérimentation. Or aucune des études scientifiques menées ne suffit à la légitimer ; l'homéopathie manque cruellement de preuves. Les expérimentations possibles à l'heure actuelle ne sont-elles pas encore suffisamment précises, la science n'a-telle pas encore assez progressé, pour justifier et offrir une légitimation à l'homéopathie ?


Bernhard Hirschel, Léon Simon
Guide du médecin homéopathe au lit du malade : pour le traitement de plus de mille maladies et répertoire de thérapeutique homéopathique
Baillière, 1874.
Lyon 1, BU Santé

Le troisième cas était celui du magnétisme qui bénéficiait de l'enthousiasme de scientifiques, qui s'en appropriant lui donnèrent sa valeur scientifique. Étonnamment, l'homéopathie semble avoir toujours été mise au ban de la société médicale et pharmaceutique. Les pharmaciens du XIXème rejetaient ces médecines peu onéreuses contraignant les homéopathes à fabriquer eux-mêmes leurs produit,s ce qui ne pouvait que les rapprocher de l’image du charlatan. À la différence du magnétisme sur lequel un grand nombre de scientifiques déjà reconnus pour d'autres travaux ont participé, l'homéopathie semble plutôt être défendue par des médecins passionnés, qui se consacraient exclusivement à cette médecine. Ainsi ici Sébastien Des Guidi qui a importé l'homéopathie en France. Celui-ci, après avoir découvert cette médecine suite à la maladie de sa femme, passa les 30 dernières années de sa vie à promouvoir et défendre cette médecine contre les oppositions virulentes des écoles de médecine. Il fut le maître notamment de Gallavardin Père. La méfiance envers l'homéopathie tient-elle à l'enthousiasme quelle provoque chez les praticiens plutôt que chez les scientifiques charismatiques ?


L'école médicale lyonnaise : catalogue commenté de la Section régionale du Musée historique de la Faculté mixte de médecine et de pharmacie de Lyon
Masson, 1941.
Lyon 1, BU Santé


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