vendredi 22 janvier 2010

La relativité des critères scientifiques ?

Le magnétisme animal suscite à son origine un véritable enthousiasme de la part des intellectuels et des scientifiques. À l’heure des Lumières, où l’on découvre le paratonnerre et la gravitation, pourquoi s’étonner des possibilités que nous offre la nature ? Il est vrai que le mesmérisme était largement désavoué par la communauté médicale et les Facultés de médecine. Mais même lorsque celles-ci se forment en commissions pour évaluer les effets du magnétisme animal les avis sont partagés, non pas sur la possibilité de considérer le mesmérisme autrement que comme une pseudoscience, mais parce qu’il fallait convenir que ce traitement mettait en avant les effets de la volonté, de l’imagination et de l’autosuggestion.

Jules Guiart
L'école médicale lyonnaise : catalogue commenté de la section régionale du Musée historique de la Faculté mixte de Médecine et de Pharmacie de Lyon
Paris : Masson, 1941.
Lyon 1, BU Santé

Finalement, le magnétisme sera repris par les médecins sous une forme plus scientifique : l’hypnose. Celle-ci gardera toujours un relent de charlatanisme du fait de son cousinage avec le mesmérisme. Le baquet, ci-dessus, permettait à Mesmer de traiter plusieurs patients en même temps, jusqu’à 30. La séance de baquet provoquait chez certains patients des crises et des transes.

Une autre science a beaucoup souffert de la comparaison avec le magnétisme : l’électricité médicale. On y retrouve au départ la même idée de fluide circulant dans les nerfs et permettant la mise ne mouvement des muscles. L’électricité médicale s’est développée au XVIIIème siècle grâce à des savants comme Galvani. Comme pour le mesmérisme, les Facultés de médecine ont formé des commissions pour en vérifier les résultats. En effet, comme le dit le texte ci-dessous, l’électricité médicale a été fortement et violemment critiquée.

Jean-Baptiste Philibert François Maurice
De l'électricité médicale
Patris, 1810.
Lyon 1, BU Santé

Il est vrai qu’une certaine image de l’électricité médicale la rapprochait du charlatanisme. L’illustration ci-dessous mettant en scène des guérisons par un des appareils à électricité médicale ; est typique de l’image de surnaturel et de pseudoscience qui entourait cette thérapie. L’appareil auréolé de lumière céleste ne pouvait qu’être une provocation pour les médecins rationalistes des Lumières.

Sans
Guérison de la paralysie par l'électricité : ou cette expérience physique employée avec succès dans le traitement de cette maladie regardée jusqu'alors comme incurable
Paris : Cailleau, 1772.
Lyon 1, BU Santé

Pourtant là encore, des scientifiques vont récupérer la pseudoscience pour la transformer en science acceptée et acceptable. On notera premièrement que les commissions de vérifications des résultats comptaient dans leurs membres des fondateurs éminents de la science expérimentale, comme Claude Bernard. Les médecines alternatives rejetées sont ainsi parfois l’occasion d’avancées philosophiques importantes de la science. Deuxièmement, des médecins vont fonder à partir de cette électricité médicale les bases de la radiothérapie, faisant passer la question de l’électricité non plus comme base de la santé ou de la maladie mais comme technique de soins. L’image ci-dessous montre différents appareils pouvant véhiculer sans danger cette électricité médicale pour traiter différentes affections.

M. I. Guitard
Histoire de l'électricité médicale comprenant l'étude des instruments et appareils, le résumé des auteurs, un choix d'observations
Paris : Masson, 1854.
Lyon 1, BU Santé

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